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25 décembre 2013 3 25 /12 /décembre /2013 00:51

La foule s’était rassemblée devant l’estrade où le Roi devait faire son allocution annuelle. La place de Palais Royal était bondée et, comme l’avait prédit Sybille, de nombreux Garde Royaux en uniforme bleu et or étaient présents, prêts à réagir à la moindre suspicion.

Fildar et sa partenaire se tenaient sur le toit d’une haute bâtisse qui donnait directement sur la place. Leur point d’observation était idéal et ils pouvaient même observer les rues alentours. En apparence il était inimaginable de concevoir une attaque sur le Roi, toutes les armes de la ville ayant été contrôlées et scellées – mis à part celles de l’armée.

Le monarque apparu enfin, sortant de son Palais et suivi de la Cour qui devait être en train de festoyer à l’honneur du mariage qui avait été célébré. Ingald prit place sur l’estrade d’où il dominait la foule et ainsi tous pouvaient le voir. La foule se tut rapidement à la vue de leur chef d'Etat et Ingald commença à prononcer son discours. Fildar n'écoutait pas vraiment, préférant surveiller les mouvements suspects. A sa grande surprise, il n'y en eu pas. Alors que le discours se poursuivait, le Cavalier Noir commençait à s'agiter. Ce n'était pas possible, tous les indices indiquaient une attaque contre la personne du Roi, à ce moment. Sybille posa sa main sur son bras pour le calmer, il ne fallait pas se déconcentrer.

Peu après, ils entendirent un bruit sourd venant de derrière eux. En se retournant ils découvrirent qu'un incendie s'était déclaré suite à une explosion dans la ville haute. Un détachement de gardes se dirigea vers l'attaque en courant et Fildar le suivit par les toits tout en demandant à Sybille de continuer à surveiller la place.

Le bâtiment en flammes était celui d'une Maison d’une famille noble mineure mais il semblait complètement vide et aucun passant ne semblait avoir été blessé. Le chef du détachement de gardes  donna quelques ordres brefs et ils commencèrent à fouiller les alentours à la recherche d'un indice quelconque. De son point d'observation, Fildar ne pouvait rien voir de particulier ni ne pouvait descendre chercher des indices car il se rendrait suspect aux yeux des autorités.

Alors qu’il se relevait, prêt à partir, un garde appela ses collègues. Le Cavalier Noir s’y dirigea également, toujours de toit en toit, restant à couvert. Assis contre un mur se trouvait un homme, comme endormi. Comme le confirma l’un des gardes royaux, l’homme était mort, assassiné. Malheureusement, Fildar n’eut pas le temps d’écouter plus longtemps la conversation car une autre explosion retentit, bien plus loin, à l’autre bout de la ville haute.

Le chef de l’escouade détacha deux de ses subalternes pour informer ses supérieurs, restés à la place où le Roi donnait son discours, de la situation et ordonna au reste du groupe de continuer à chercher des indices.

Le raisonnement du chef se tenait, en  effet, un autre groupe allait sûrement être envoyé sur le lieu du second incendie. Fildar, quant à lui, choisi d’y aller, pour se rendre compte par lui-même.

Il s’agissait cette fois-ci de la demeure d’un riche marchand, à la bordure de la ville haute, presque située au pied du mur intérieur. La devanture, richement décorée auparavant était en flammes et, alors que le Cavalier Noir arrivait sur les lieux, il découvrit qu’un détachement, beaucoup plus important que le premier, inspectait déjà la zone.

Il ne leur fallu pas longtemps pour découvrir une nouvelle victime, une femme, apparemment, vu la coupe des vêtements. Elle se trouvait à côté de l’entrée d’un petit égout, adjacent à la bâtisse. Fildar ne pouvait pas voir grand-chose de plus car elle avait la tête plongée dans l’eau du caniveau. Il put néanmoins distinguer des lacérations profondes dans son dos comme si elle avait été attaquée par une bête.

Il n’eut pas l’occasion de s’interroger plus longtemps car déjà une troisième explosion avait lieu, lointaine, au-delà du mur, dans la ville basse. Les fauteurs de trouble s’éloignaient du Palais Royal ce qui rassurait quelque peu Fildar pour la sécurité du Roi et de sa cour.

Il commença à se rediriger vers la place où l’attendait Sybille tout en essayant de répondre aux questions que ces attaques soulevaient. Quelle était la raison de ces attentats ? Au final, à part faire un peu de bruit et beaucoup d’agitation ponctuelle, il n’y avait pas trop de conséquences. Peut être n’était-ce qu’un règlement de comptes entre des réseaux de contrebande. Ce ne serait pas le premier à prendre autant d’importance. Les gardes finiraient bien par trouver les coupables vu les indices qui avaient déjà été découverts en si peu de temps. Après tout, la ville était bouclée et personne ne pouvait en sortir.

Cette réflexion amena une autre interrogation : comment avaient-ils fait pour passer le mur intérieur pour déclencher leur dernier incendie ? Peut être y avait-il plusieurs groupes ?

Encore perdu dans ses pensées, Fildar atteint la place et retrouva Sybille assez rapidement. A son regard interrogatif, il expliqua :

«  Il y a, fort heureusement, très peu de victimes et les explosions s’éloignent d’ici. J’espère qu’on est tranquilles même s’il reste de nombreuses questions sans réponse. Quelle est la situation ici ?

-       C’est assez calme, la foule est contenue par les quelques gardes qui restent car tous les autres ont quitté la place pour inspecter les rues. Le Roi essaie de rassurer tout le monde, il est d’ailleurs particulièrement bon, les gens boivent ses paroles.

-       Il est connu pour cela, oui. Le peuple l’aime et cela a toujours beaucoup embêté ses ennemis politiques.

-       Concernant les attaques, c’est un seul et même groupe ?

-       Je ne suis pas sûr, ça me parait bizarre qu’ils aient réussi à franchir le mur sans se faire prendre. Les gardes étaient alertés.

-       Ils n’auraient pas pu l’escalader ? Passer par-dessus le mur ?

-       Aussi rapidement ? Ça me parait bien impossible pour des gens normaux.

-       Alors par en-dessous, ils auraient creusé un tunnel bien avant leur attaque.

-       Des tunneliers ? Et qui ne se seraient pas fait repérés ? Impossible. » fit Fildar, catégorique. Avant d’ajouter, sous le coup d’un éclair de lucidité : « Les égouts ! Ils sont passés par les égouts ! il faut les arrêter !

-       Comment ça ? S’ils sont passés par les égouts pour leurs attaques, ils sont sûrement déjà partis.

-       S’ils peuvent passer par les souterrains pour sortir, ils peuvent très bien faire également demi-tour et revenir ici, attaquer le Roi.

-       Que vas-tu faire ?

-       Les stopper, je connais une entrée pour les souterrains, près du manoir Korventen, je vais y aller et les stopper.

-       Seul ? Ils seront sûrement trop nombreux, je viens avec toi.

-       Non, toi, tu vas au Palais, prévenir la Garde Royale qui y est restée, ces gardes-ci n’ont pas dû bouger. Demande-leur de surveiller les entrées aux sous-sols et emmène-en un groupe avec toi dans les souterrains.

-       Comment je te retrouverai ?

-       Il suffira de suivre les bruits de combat, si j’ai réussi à les coincer.

-       Et dans le cas contraire ?

-       Ce sont eux qui vous trouveront, fit sombrement le jeune homme en se relevant.

-       Fildar ? demanda doucement Sybille en lui retenant la manche

-       Quoi ?

-       Bonne chance.

-       A toi aussi. » conclut-il avant de se diriger vers le manoir familial.

Tout apparaissait si logique maintenant, les premières attaques n’avaient pour but que de distraire le gros de la Garde pour les forcer à patrouiller dans les rues et à délaisser le Roi.

Il ne mit pas longtemps à atteindre la grande maison où il avait vécu lorsqu’il venait avec son père à la capitale. Elle était comme dans ses souvenir, assez grande mais pas trop avec deux étages et un petit jardin derrière.

L’entrée pour les égouts qu’il connaissait lui avait été montrée par son frère alors qu’ils étaient plus jeunes. C’était un accès caché car il était fermé d’une plaque de métal recouverte de la même pierre qui pavait les rues. Seule la discrète encoche dans le sol au milieu d’un des coins de la plaque rectangulaire trahissait la présence d’une embouchure.

Toujours allant de toit en toit, Fildar retrouva facilement l’emplacement qu’il cherchait. Quelle ne fut pas la surprise du Cavalier Noir lorsqu’il découvrit que la fameuse plaque avait été retirée. Prudent, il descendit quelque peu et se tint sur le parapet du mur qui ceignait le jardin du manoir.

Un crissement attira son attention, venant de l’intérieur de la bâtisse. Il tourna la tête dans cette direction et ses oreilles furent agressées par un bruit assourdissant d’explosion alors qu’il était lui-même projeté au sol par la violence du choc. Il se cogna lourdement contre le mur et fut sonné un instant.

Les vitres du manoir explosèrent projetant des éclats de verre partout dans la rue et le jardin alors que les flammes s’élevaient à l’intérieur. Fildar fit un geste pour bouger de sa position mais la douleur fut trop intense. Il avait dû se casser quelque chose lors de sa chute.

Reprenant peu à peu ses esprits, il essaya d’analyser la situation. Malheureusement, son esprit embrouillé ne lui permettait pas de faire de réfléchir posément.

Il esquissa de nouveau un geste, mais se retint au dernier moment car des silhouettes sortirent de la maison. Vêtues de noir et contre la lumière du feu, Fildar ne pouvait pas voir grand-chose. Il devina quand même qu’ils étaient assez grands et qu’ils marchaient en faisant de très grands pas. Ils passèrent par-dessus le muret et Fildar les entendit discuter alors qu’ils longeaient la rue.

«  …quoi détruire cette maison ? Les autres ne suffisaient pas ? interrogeait l’un avec un curieux accent guttural

-       Personne ne te demande de comprendre, répondit sèchement l’autre avec un accent similaire. Direction le Palais.

-       Les autres ont-ils fait le ménage ?

-       Oui, je te l’ai déjà dit. C’est le principe du piège, s’exclama l’autre apparemment excédé. On attire beaucoup de gardes dans les rues, puis on revient une dernière fois ici pour attirer les gardes restants et semer la panique. La cible se réfugie dans le Palais, sauf que les autres ont déjà… »

La voix s’étouffa alors qu’il refermait la plaque sur l’embouchure. Ils avaient disparus dans les égouts. Fildar devina néanmoins qu’il avait envoyé Sybille droit dans la gueule du loup. Leur coup était parfaitement préparé. Lorsqu’il entrerait dans le Palais, le Roi n’aurait plus pour défense que ses courtisans.

Il fallait qu’il les prévienne, qu’il les aide. Le jeune homme s’efforça à bouger au prix d’un terrible effort. Il fallait qu’il continue. Se tenait au mur, il se mit debout alors que déjà, il entendait les gardes arriver.

Il saignait abondamment de plusieurs plaies mais il se força à escalader le mur, passa de l’autre côté. Il se retrouva juste au dessus de la plaque d’égout. Souffrant toujours terriblement, il la souleva et s’introduisit dans le souterrain. Alors qu’il refermait correctement l’embouchure, son corps lui fit défaut et il tomba sur sol recouvert de pierres du tunnel et la douleur fut si intense qu’il perdit connaissance.

 

*

* *

 

Lorsque la nouvelle explosion retentit, Sybille était à mi-chemin du Palais, elle cherchait encore un moyen d’y rentrer sans passer pour une suspecte. La nouvelle attaque la surprit car ils n’avaient pas prévu cela. En revanche les gardes présents sur la place ne mirent pas longtemps à réagir.

«  Mon manoir ! hurlait le père de Fildar. C’est mon manoir ! Allez-y tous cette fois-ci et trouvez les coupables de ce méfait !

-       Du calme, mon ami, essayait de temporiser le Roi. Rentrez chez vous, c’est plus sûr, conseilla-t-il à la foule.

-       Vous aussi, Votre Majesté, argua le Conseiller Dalger, rentrez au Palais, avec la Cour.

-       Oui vous avez raison. Au Palais ! »

Sybille vit alors tous les gardes se diriger vers l’endroit où avait eu lieu l’attentat tendit que la foule se dispersait non sans désordre alors que les nobles – hormis ceux qui rentraient également dans leur demeure – se dirigeaient vers le Palais.

Elle devait les prévenir, les alerter du danger des souterrains. Depuis le toit où elle était, elle pouvait voir que les jardins royaux étaient peu gardés, ce qui lui permettait de s’introduire dans le Palais. Sans plus réfléchir, elle s’y dirigea, retrouva le lieu où le mur était moins haut, par où elle et Fildar s’étaient introduits dans la mâtiné. Elle sauta du toit au mur d’enceinte de l’espace vert puis se laissa tomber souplement.

Elle couru rapidement vers la porte la plus proche et essaya de l’ouvrir. Celle-ci n’était pas verrouillée et elle pénétra dans le Palais Royal.

Les couloirs n’étaient étrangement pas éclairés. Sybille partit à la recherche d’un Garde Royal en courant. Elle dû traverser deux corridors avant de voir au loin une silhouette en uniforme bleu et or.

Forçant le pas, elle se dirigea vers lui. Celui-ci se retourna vers elle au dernier moment. Surpris de voir une femme courir en sa direction il eut un mouvement de recul qui permit à Sybille de commencer à parler :

«  Vous devez m’aider ! hurlait-elle presque. Le Roi est en danger ! Conduisez-moi à un officier, des assassins viennent par les souterrains ! »

Le garde lui posa une main sur l’épaule et bizarrement Sybille se sentit mal à l’aise. Il se dégageait de cet homme une drôle d’impression. De l’autre main, il souleva la visière de son casque et Sybille découvrit un visage dur, aux traits anguleux, particulièrement viril aux sourcils très broussailleux, bruns tout comme ses favoris qui laissaient libres de poils le pourtour de sa bouche et le menton.

«  Pourquoi pensez-vous que nous ne sommes pas déjà arrivés ? » lui demanda-il d’une voix au fort accent guttural.

Affolée, Sybille voulu se dégager de l’étreinte mais sa poigne était trop forte. Il leva l’autre main, serra le poing et Sybille redouta un coup au visage mais à la place trois longues griffes sortirent d’entre ses doigts. Il plaqua la jeune femme contre le mur et tout en la regardant droit dans les yeux, arma son coup. Sybille ferma les yeux, attendant la mort arriver. Elle hurla lorsqu’elle sentit les griffes s’enfoncer profondément dans sa chair et la poigne qui lui serra l’épaule se relâcher. Elle se laissa alors tomber le long du mur.

Le flanc, il lui avait planté ses griffes dans le flanc. Pourquoi ne pas lui avoir coupé la tête ? Intriguée, elle rouvrit les yeux pour découvrir le garde imposteur étendu par terre, la gorge tranchée, aux pieds d’un nouvel arrivant tout essoufflé.

Sybille leva les yeux vers lui et le reconnu :

«  Maître Elfrad ! murmura-t-elle.

-       Je suis là, ma demoiselle, la rassura-t-il en examinant la blessure. Vous perdez beaucoup de sang, les entailles sont profondes mais vous devriez survivre si j’arrive à trouver un docteur.

-       Qu’est-ce que…Qui était-ce ?

-       Son nom, je n’en ai aucune idée. C’était un Lycan.

-       Il faut les prévenir… Prévenir le Roi…Il est en danger…

-       Calmez-vous, je m’en suis occupé. Je suis là aussi pour le protéger, non ?

-       Merci…

-       Là, dormez, c’est mieux pour vous, je m’occupe de tout. »

Sous l’injonction du vieil homme, Sybille ne put résister à la furieuse envie de se reposer. Alors qu’elle sentait l’homme essayer de bander ses plaies avec du tissu arraché à sa cape, la jeune femme abandonna toute lutte pour rester éveillée et lentement sombra dans l’inconscience.

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  • : La Couronne de l'Empereur
  • : La Couronne de l'Empereur est un roman de fantasy contant les aventures du Prince Belenor Acciprides.
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Chapitre XXVI

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