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25 décembre 2013 3 25 /12 /décembre /2013 00:45

XXV

Le Jour du Roi

Tauroc, deux semaines avant le Jour du Roi.

B

âtie sur un piton rocheux solitaire surplombant les vastes plaines du Comté de Sandorn, Tauroc veillait. La ville, de taille moyenne, entourait le château familial construit sur le roc. Le comté, qui couvrait une partie du Sud du Royaume, était paisible et vivait principalement de l’élevage de bovins. Le marché, très réputé, attirait d’ailleurs beaucoup d’étrangers au Royaume ainsi il était courant d’entendre les accents des Impériaux ou de Drastan dans les rues de la ville. Lors de la Grande Foire qui avait lieu au milieu du printemps, la population de la ville pouvait presque tripler avec l’affluence. Cette année encore, malgré les troubles politiques, l’événement eu beaucoup de succès malgré l’absence des marchands de Drastan.

Du haut des remparts du château, Imladas admirait le paysage, il aimait cette ville, ce Comté qui était dans sa famille depuis longtemps. S’il n’y avait pas la guerre, il n’aurait pas ressenti le besoin de voyager, ne serait-ce qu’à la Capitale, ou même dans les baronnies qui étaient inféodées à sa famille. Aujourd’hui, c’était tout autre chose, non seulement il y avait les troubles politiques, mais aussi son voyage dans l’Empire qui lui avait fait découvrir la richesse du monde ainsi que les autres capitaines avec qui il était parti et avait noué des liens forts.

Encore une fois, il allait quitter Tauroc. Cependant, cette fois-ci, les raisons étaient heureuses, le mariage de Soldoban et d’Al’Ivna ainsi que l’annuel Jour du Roi.

«  Magnifique, n’est-ce pas ? » fit une voix qu’il connaissait bien derrière lui.

Cela le fit sursauter mais en se retournant, Imladas put confirmer son intuition, il s’agissait de son père, le Comte Théodrim. Grand, imposant, le colosse affichait un visage bienveillant. Sa carrure impressionnante était un trait familial, ainsi Imladas aussi avait de larges épaules. Néanmoins, l’âge avait commencé à faire son effet et les muscles de son père commençaient à perdre de leur fermeté tandis que son appétit lui créait un ventre de plus en plus proéminant. Cela ne faisait que souligner sa bonhommie naturelle. En effet, bien que mangé par une épaisse barbe grisonnante, son visage était souvent illuminé d’un sourire en coin.

«  J’adore cet endroit, affirma Imladas.

-       Notre terre est riche et prospère. C’est la grande fierté de notre famille, contrairement à d’autres, nous ne recherchons pas à nous élever plus haut. Ma seule ambition, et celle de nos ancêtres avant moi, a toujours été de préserver ce Comté. C’est la raison pour laquelle nous nous battons.

-       Je sais tout cela, Père. Pourquoi me le répéter ?

-       Ne l’oublie jamais alors car, même si tes voyages et tes combats te mènent loin, ici sera toujours chez toi.

-       Nous allons juste au mariage d’un ami, Père.

-       Cette fois-ci, oui. Mon cœur me dit que la guerre approche, qu’on le veuille ou non. Je parle de la vraie guerre, celle qui nous affectera tous, pas seulement les dirigeants et les cartographes.

-       Si seulement c’était faux.

-       Souviens-toi toujours de cela alors. Surtout lorsque tu soulèveras la Pierre. »

La "Pierre" était, comme son nom l’indique, un rocher qui trônait depuis toujours dans la grande salle de château familial. A chaque fois qu’un nouveau Comte était nommé, il devait, pour se légitimer, soulever la Pierre devant la foule et ainsi gagner son titre.

«  Ce moment suivra votre mort, puisse-t-il arriver le plus tard possible. Si guerre il y a, il est possible que je succombe le premier, ce serait donc à Vladimir de le faire.

-       Ton frère a dix-sept ans, il est jeune, je préfère ne pas encore le préparer à cela.

-       Vous avez raison, père. Je vais rassembler mes effets, nous partons à l’aube n’est-ce pas ?

-       A l’aube, oui. Nous avons quelques jours de voyage pour rejoindre la capitale.

-       Bonne nuit, père. »

Imladas se retirant, Théodrim resta seul sur les remparts à contempler son fief. Le regard perdu vers l’horizon, il se remit à penser à ce que lui avait raconté son fils à propos de la famille rivale de Bregorgne. Il était difficile pour lui d’imaginer avoir une discussion cordiale avec Kaurad, le Comte de Bregorgne. Théodrim avait depuis toujours eu un ressenti négatif avec cette famille, comme son père et tous ses ancêtres avant lui. Imladas avait promis à son fils, pour lui faire plaisir, de parler un peu avec son rival Kaurad lors du mariage. Malgré tout, Théodrim redoutait déjà ce moment et ruminait sa promesse depuis qu’il l’avait prononcée.

*

* *

Montmer, dix jours avant le Jour du Roi

«  Tire un peu plus sur la corde, s’il te plait, Argenia, pour border la voile, demanda Tibérion.

-       Tu ne devrais pas l’encourager, le réprima Catherine. La place d’une femme n’est pas celle d’un matelot.

-       Et je devrais, comme toi, laisser notre frère Tibérion gérer tout le bateau pour me consacrer à la contemplation béate des vagues ?

-       Doucement, les filles, je voulais vous faire plaisir en vous emmenant faire un tour en voilier, pas vous donner une nouvelle raison de vous chamailler.

-       Regarde, Tibérion ! Quel est ce bateau ? s’exclama Argenia en désignant un voilier à l’entrée de la baie.

-       Je ne sais pas, allons voir. » décida Tibérion.

La baie de Montmer était connue comme étant le dernier port sur les côtes sud et ouest du Royaume et de l’Empire et de nombreux bateaux y faisaient escale. La ville était donc assez riche, ses revenus provenant en grande partie de la pêche et droits de mouillage des bateaux de passage. Elle restait néanmoins une ville moyenne, loin de la grandeur de la capitale Callaven. De là où ils se trouvaient, Tibérion pouvait observer le château familial qui surplombait la baie, du haut des grandes falaises qui en marquaient l’entrée sud.

Le navire inconnu était un grand et long trois mâts tel qu’on en voyait partir pour la haute mer. Il tranchait beaucoup avec les bâtiments présents dans la baie qui, pour la plupart étaient conçus pour longer les côtes.

Le voilier qu’ils utilisaient était justement l’un de ces petits bateaux. Tibérion l’avait emprunté à son père pour faire une petite sortie avec ses deux sœurs, Argenia et Catherine. Bien qu’ayant un air de famille, les deux jeunes filles différaient beaucoup par leur caractère.

En effet, Argenia, la plus jeune, âgée de seize ans, était un vrai garçon manqué préférant se consacrer à des tâches masculines plutôt que de se contenter des activités qui lui étaient attribuées. Assez grande pour une fille de son âge, elle portait ses cheveux châtain assez longs et avait hérité des yeux noirs de son père, Kaurad.

Du haut de ses vingt-deux ans, Catherine, en revanche, avait les yeux verts de sa mère, sa chevelure était légèrement plus claire que celle de sa sœur et avait de légères boucles, au contraire de sa sœur qui avait les cheveux raides. Très charmante, Catherine était beaucoup plus féminine que sa sœur, ce qui lui avait valu l’attention de nombreux soupirants jusqu’à ce qu’elle se fiance, l’an dernier, avec un chevalier de Dollovan de vingt-sept ans, Enguerrand de Montrouge. Malheureusement les tensions actuelles entre Callaven et Drastan – qui avait annexé la principauté de Dollovan une quinzaine d’années auparavant – avaient rendu leurs entrevues plus espacées tant et si bien que leur mariage tardait à être célébré.

Tout ceci rendait Catherine irritable et susceptible et, la plupart du temps, elle passait ses nerfs sur sa petite sœur qui n’avait rien demandé. Depuis son retour au domaine familial, Tibérion essayait de temporiser l’atmosphère électrique qui régnait entre les deux sœurs mais ce n’était chose aisée et souvent il se retrouvait en proie à l’ire des deux jeunes filles alors qu’il tentait seulement de trouver un compromis.

«  Je vois une bannière, fit Argenia qui avait pris la longue vue.

-       De laquelle il s’agît, lui demanda Tibérion.

-       Je ne sais pas trop, elle est bleue et il y a des signes comme des étoiles argentées dessus. J’en compte cinq.

-       C’est la bannière de l’Archiduc Morwind Acciprides, idiote, intervint Catherine. Tu le saurais si tu retenais tes leçons plutôt que de rêvasser.

-       Oh ça va, je l’aurais retrouvé si tu m’avais laissé un peu de temps. Et je sais aussi que l’Archiduc a été exilé.

-       En même temps si tu ne savais pas ça, tu serais vraiment la dernière des idiotes.

-       Silence les filles, s’imposa Tibérion. Allons plutôt voir pourquoi l’Archiduc se risque à mouiller dans notre baie passant outre l’ordre d’exil. »

Lorsqu’ils s’approchèrent plus près encore du navire, ils purent lire son nom, l’Esmera, qui confirmait qu’il appartenait bien à Morwind Acciprides. De plus, ils remarquèrent que l’ancre avait été jetée et aucune autre activité ne semblait régner sur le pont, tout portait à croire que l’Archiduc les attendait.

Cette théorie se révéla être juste car lorsqu’ils attinrent le grand voilier, les marins leur lancèrent des cordes pour attacher leur embarcation et une échelle pour monter à bord. Ils y furent de plus invités par une voix grave que Tibérion identifia comme celle de l’Archiduc.

La sécurité étant prioritaire devant la galanterie, le jeune homme grimpa à l’échelle le premier. Sur le pont, il y avait quelques marins qui s’affairaient à vérifier cordages et voiles et qui n’avaient pas l’air de s’occuper du nouvel arrivant. Il fut accueillit par un vieil homme dégarni en livrée bleue et argentée, couleurs de l’Archiduc. Il reconnut l’intendant de Morwind – mais ne pu retrouver son nom – et invita alors ses sœurs à grimper à bord, le danger en étant, a fortiori, absent.

Le vieil homme les conduisit à l’Archiduc qui se tenait en haut des escaliers menant au gouvernail. Celui-ci était en train d’observer la baie et Montmer à l’aide de sa longue-vue. Il portait un long manteau, semblable à ceux des officiers de la marine, d’un bleu assez sombre et un tricorne noir. Dessous il était vêtu de ses habits d’Archiduc, bleus et argents avec en écharpe, une bande de cuir noir supportant le fourreau et son épée sur son flanc gauche – ce qui indiqua à Tibérion qu’il était droitier contrairement à son fils. La présence de l’épée surprit passablement le jeune homme qui n’avait jamais vu l’Archiduc avec une arme.

Morwind se baissa sa longue-vue et se tourna vers eux, il avait les cheveux châtains foncés légèrement plus longs que l’année précédente au Conseil Royal et ceux-ci commençaient à grisonner sur les tempes  mais était toujours aussi galbe. Ses yeux verts émeraude comme son fils se posèrent sur les trois nouveaux arrivants et il les salua :

«  Mes Demoiselles Catherine et Argenia Bregorgne, Mon Seigneur Tibérion Bregorgne, bienvenue à bord de l’Esmera. Je suis très heureux de voir que la famille de mon ami Kaurad se porte aussi bien. Vous vous demandez surement pourquoi mon navire à jeté l’ancre à l’entrée de votre baie.

-       Oui, Seigneur, c’est pourquoi nous nous sommes permis de nous approcher. Pardonnez mon audace, mais vous n’avez plus le droit de poser le pied dans le Royaume de Callaven.

-       Et je ne l’ai pas fait, comme vous pouvez le constater. Je n’ai d’ailleurs pas l’intention de le faire, malgré l’envie de revoir mon frère et mon fils par ces temps troublés. Voyez-vous, j’ai beaucoup voyagé ces derniers mois et dans chaque port où nous jetions l’ancre, il y avait de nouvelles rumeurs sur l’état du continent. Mon frère, le Roi, a grand besoin de conseillers de qualité et j’ai appris que Wilbur Korventen s’était hissé à mon ancien poste.

-       En vérité, précisa Tibérion, le Marquis et le Maréchal Dalger occupent vos anciennes fonctions.

-       Je sais, néanmoins je doute depuis longtemps de la fiabilité du Marquis Korventen et mon frère, si vous me permettez, n’est pas un Roi qui sait s’imposer, il se laisse grandement influencer par ses conseillers. Bref, j’ai quitté ma fonction volontairement, mais aujourd’hui je m’inquiète grandement pour la vie de mon frère et celle de mon fils. En effet, la bataille de Karrog et le ralliement sans condition de Rabougnal sont deux indices qui montrent que l’Empire, malgré la perte de l’Empereur et le sac de sa capitale, reste assez fort. Ajoutez à cela que le Prince Héritier de Callaven ait participé à ces actions et le fait que l’armée du Royaume ait toujours demandé une revanche sur Drastan pour la perte de Dollovan et vous obtenez une alliance assez puissante pour tenir tête au Seigneur Moriannor, or je crois que ce dernier a suffisamment bien préparé son plan pour désunir ses adversaires.

-       Qu’allez-vous donc faire alors ? s’enquit Argenia.

-       Moi ? Rien, je n’ai pas le droit, comme votre frère me l’a rappelé, de pénétrer sur les terres du Royaume. Je vais donc poursuivre ma quête maritime. En revanche, Elfrad, mon intendant ici présent, va conseiller et aider mon fils.

-       Très bien, Seigneur, approuva Tibérion. Permettez-moi quand même une question : comment allez vous le retrouver ? Votre fils est censé être à l’Académie mais il est possible qu’il n’y soit plus.

-       Mon intuition me dit qu’il sera présent lors du Jour du Roi à Callaven. A l’Académie, Belenor a dû avoir accès à bien plus d’informations que moi dans l’Empire des Iles et si mes conclusions sont justes, il viendra à Callaven pour protéger son oncle le Roi.

-       Vous avez l’air tellement sûr qu’il va se passer une chose terrible ce jour-là, s’étonna Catherine.

-       Si seulement je pouvais vous dire ce qu’il va se passer, mais je n’en sais rien, tout ce que j’ai pu apprendre ou déduire me conduisent à penser que le Roi sera en danger car il apparaîtra en public et que les espions de Drastan, ou pire un contingent armé, pourraient en profiter.

 » Je vous ai dit tout ce que je savais. Maintenant il me faut partir car si jamais un vrai garde-côte surprenait mon navire je serai bon pour la prison – ou pire – et mon équipage également. S’il vous plait, emmenez mon intendant avec vous lors du Jour du Roi. J’aurai beaucoup apprécié discuter avec votre père, le Comte Kaurad, aussi transmettez lui mes sincères amitiés – loin des oreilles indiscrètes bien entendu, car je n’ai jamais jeté l’ancre ici, ajouta l’Archiduc avec un sourire en coin.

-       Bon voyage, Seigneur, lui souhaita Tibérion.

-       Et bonne chance à vous, répondit Morwind, une guerre se prépare et tout le monde ici sera impliqué, ce qui n’annonce rien de bon. Ah ! Et tous mes vœux de bonheur à votre ami Soldoban Aronberg, les Elfes font des femmes raffinées mais – paraît-il – parfois incompréhensibles.

-       Nous transmettrons le message, affirma Argenia en souriant.

-       Quant à toi, Elfrad, mon vieil ami, sers mon fils aussi bien que tu m’as servi, bon voyage.

-       Bon voyage à vous, Seigneur, éviter de mourir alors que je ne suis pas là. » conclut le vieux intendant assez tristement.

Morwind attendit que le petit voilier de Tibérion et ses sœurs soit complètement rentré dans la baie de Montmer avant de se tourner vers le capitaine du navire :

«  Capitaine Silas, cap à l’Ouest, sur Métima, ordonna-t-il.

-       Très bien, Seigneur. » répondit ce dernier avant d’hurler des ordres à tout l’équipage.

L’île de Métima était la dernière terre elfique à l’Ouest de l’Empire des Iles. Au cours de son voyage, Morwind avait découvert que les coordonnées géographiques que son fils lui avait montrées pour l’Orbe de Vie désignaient une terre très à l’Ouest des îles connues. Ainsi Métima serait la dernière escale avant la traversée vers l’inconnu.

Morwind savait que son équipage lui était fidèle mais il ne leur avait néanmoins toujours pas annoncé le véritable but de leur voyage, de peur de les effrayer car de nombreux navires s’étaient aventurés à l’Ouest de Métima et aucun n’était revenu. D’aucuns parlaient de malédiction et d’océan maudit, en tous cas, il était admis que les eaux occidentales n’étaient pas faites pour les petites embarcations. Fort heureusement, Morwind avait confiance en son navire, l’Esmera, et pensait pouvoir atteindre sa destination, même si le voyage de retour paraissait compromis.

Alors que le bateau avançant laissait disparaître peu à peu la baie de Montmer et les terres du Royaume de Callaven, Morwind eut une dernière pensée pour son ami Elfrad qu’il avait envoyé rejoindre son fils. Ce vieil homme qu’il désignait comme intendant était en fait beaucoup plus important pour les Acciprides. En effet, depuis sa jeunesse au service du père de Morwind, Elfrad avait appris à observer les petits détails et écouter les conversations qu’il n’était pas censé entendre. Cela faisait de lui un espion très discret car connu de tous depuis longtemps et donc insoupçonnable. Avec les années, il avait, de plus, appris l’art du déguisement, pouvant aisément se faire passer pour un garde, un serviteur ou un simple mendiant. Ces compétences furent bien utiles à Morwind lorsqu’il était Premier Conseiller de son frère le Roi Ingald.

Bien sûr, Belenor ne savait rien de ce double emploi mais Morwind savait qu’en découvrant les compétences de son intendant, son fils saurait s’en servir. Il avait élevé son fils pour être un jour Roi et gouverner avec clairvoyance, il avait confiance en lui.

*

* *

Callaven, cinq jours avant le Jour du Roi

Du haut d’un des balcons du manoir Korventen, Duncan observait la ville se préparer au jour le plus festif de l’année, l’anniversaire du Roi. C’était la première fois en cinq ans qu’il pourrait y assister même s’il n’était pas encore totalement libre, en témoignait les deux gardes qui se tenaient près de la porte du balcon et qui le suivaient où qu’il aille, quoiqu’il fasse.

Les cinq années qu’il avait passées en prison l’avaient profondément marqué. En effet, condamné pour avoir outrepassé ses ordres lors de son rapt sur le village de Gorley, il avait écopé de la prison à vie, échappant de peu à la peine capitale. Jamais il n’avait regretté son geste. L’expédition punitive qu’il avait menée était juste, mais avec le recul, laisser ses hommes violer et tuer lui semblait excessif. Il aurait dû les épargner et se contenter de la mise à sac du village.

C’était de l’histoire ancienne, il avait payé son crime. Lorsqu’il apprit qu’il allait sortir de prison, quelques mois auparavant, il pensait que sa famille serait là pour l’accueillir au grand complet et même certains de ses amis… mais non. Il n’avait trouvé que ses deux gardes qui lui servaient d’escorte depuis lors. Il n’avait appris qu’après que l’annonce de sa libération n’avait pas encore été faite publiquement et que seul son père et les nobles du Conseil étaient au courant.

Il en voulait beaucoup à son père de ne pas être venu le chercher en personne, peu importait ses nouvelles fonctions. Duncan n’avait revu sa mère que beaucoup plus tard car son père ne voulait pas qu’il quitte la ville et elle était à Castelkor, le fief familial. Elle n’avait pas été prévenue et il avait dû lui écrire une lettre annonçant qu’il était libre pour qu’elle vienne le voir à la capitale.

Ce fut sa mère qui lui expliqua que son père avait exigé sa libération car son deuxième fils, Fildar, avait disparu sans garantie qu’il soit encore en vie. Ce n’était donc pas par amour, mais bien pour avoir l’assurance d’une succession à la Maison Korventen que Duncan avait été relâché.

Mis à part ses parents, personne n’avait reprit contact avec lui. Aucune visite. De plus il ne sortait pas beaucoup de la résidence familiale et se voyait mal débarquer chez d’autres sans y avoir été invité.

Il regrettait beaucoup que ses anciens amis n’aient pas fait l’effort de se rappeler à lui. Déjà en prison il n’avait que très peu de visites et de moins en moins à longueur que sa peine se prolongeait. A la fin, son visiteur le plus régulier était le Roi Ingald avec qui il avait l’habitude de discuter pendant une demi-journée au moins une fois tous les mois. Bien que n’ayant pas beaucoup d’affinités avec le Roi au préalable, Duncan avait appris à apprécier ces discussions. Ingald était également prêtre et ses visites avaient beaucoup aidé l’ex-prisonnier à endurer sa peine.

Il passait beaucoup de temps, ces derniers jours, ainsi, au balcon, observant la ville se préparer aux festivités, regardant les bannières des nobles défiler jusqu’à leur résidences, annonçant clairement à tous leur arrivée.

Soudain, sa mère l’appela doucement de la porte du balcon :

«  Duncan, deux femmes sont là pour te voir. Veux-tu les rencontrer, ou préfère-tu que je les renvoie ?

-       Qui sont-elles ? demanda-t-il.

-       La Dame Estelle Rovan et la demoiselle Catherine Bregorgne.

-       Je vais les accueillir. » décida Duncan.

Les deux femmes annoncées attendaient dans le vestibule. Comme Duncan s’y attendait, il s’agissait bien de deux de ses amies d’enfance, dont l’une était son ancienne fiancée – l’arrangement entre les deux familles s’était fait quand il n’avait que dix ans et elle neuf –, Estelle Decros, qui, apparemment, s’était finalement mariée avec le Baron Brivel Rovan.

Elles s’étaient toutes deux épanouies pendant ces cinq dernières années, particulièrement Catherine qui n’avait que dix-sept ans lorsqu’il avait été emprisonné. Estelle, quant à elle, avait toujours la même longue chevelure rousse bouclée et les yeux gris pétillants. Elle semblait néanmoins plus mûre. L’œil de Duncan s’attarda également sur son ventre arrondi que les plis de sa robe ne cachaient pas entièrement. Estelle était enceinte.

«  Oh, Duncan ! » commença cette dernière.

Celui-ci ne répondit pas, leur indiquant d’un geste de le suivre sur la terrasse du manoir qui offrait une belle vue sur le petit jardin de ville d’arrière cour tout en les protégeant des yeux et oreilles indiscrets. Il leur fit signe de s’asseoir sur les sièges en osier qui étaient disposés là. Il attendit qu’elles soient toutes deux bien installées avant de s’exprimer :

«  Mademoiselle, madame, je suis ravi de vous revoir après toutes ces années.

-       Duncan, répondit Estelle, tu nous as tellement manqué !

-       C’est ce que j’ai cru comprendre, rétorqua-t-il avec un regard insistant sur le bas-ventre de son ancienne fiancée.

-       Tu étais condamné à la prison à vie ! explosa Catherine visiblement offusquée par le comportement de l’ex-détenu. Que voulais-tu que nous fassions ?

-       Vous auriez pu essayer de ne pas m’oublier, pour commencer. Pendant toutes ces années, la seule personne à être venue me voir régulièrement était celui qui m’avait condamné, le Roi !

-       Nous sommes désolés, Duncan, tu semblais toujours si peu heureux de recevoir une visite que petit à petit nous nous sommes détournés. Il nous a fallu du temps pour tourner la page, à tous. Aujourd’hui, à la surprise générale, tu es libre, mais le monde a évolué en cinq ans et tu dois l’accepter. »

Les mots d’Estelle étaient durs mais justes. C’était toujours ainsi avec elle, elle lui faisait voir ce qu’il refusait de regarder alors qu’il l’avait juste en face de lui. C’était pour cela qu’il avait appris à l’apprécier lorsqu’ils étaient plus jeunes et qu’il s’était accroché à son souvenir lorsqu’il était en prison. En vain, visiblement.

«  Tu n’as presque pas changé, Estelle, lui dit-il. Je retrouve la même moralisatrice que je connaissais… et que j’appréciais.

-       Je n’ai pas à me justifier devant toi, Duncan. Je t’appréciais beaucoup moi aussi, à l’époque, et je m’étais faite à la décision de nos familles de nous fiancer. Lorsque j’ai appris ce que tu as fait à ce village, en plus de la nouvelle de ton emprisonnement, j’étais brisée. Toi détenu, il n’a pas fallu longtemps à mon père pour rompre nos fiançailles. Mon père s’attendait à ce que, comme la coutume le veut, ton père, le baron Wilbur nous propose de me fiancer à ton frère Fildar mais, il a préféré rompre purement et simplement l’engagement. J’ai été courtisé, Duncan, mais je ne pouvais penser à personne d’autre que toi pendant des mois. Puis les mois devinrent des années et mon père commençait à s’impatienter. Il fallait me faire une raison, tu étais en prison et aucun signe ne laissait penser que tu en sortirais un jour. C’est à ce moment là que je reçu la proposition de Brivel, Baron de Rovan. Je le connaissais que très peu, il était un peu plus vieux que nous lorsque nous étions jeunes, et c’était un très bon ami de mon frère. Il était charmant, de bonne famille et avec une excellente réputation. Je pensais que cela m’aiderai à passer à autre chose. Après une longue période où il m’a fait une cour assidue à laquelle je n’étais pas insensible, j’ai accepté de me marier, autant par affection pour lui que pour en finir avec les requêtes incessantes de tous ces courtisans et de mon père par-dessus le marché. Avant l’annonce de ta libération, je mettais faite à l’idée de passer ma vie avec lui. Comme tu l’as sûrement deviné, je porte son enfant et je l’aimerai de tout mon cœur car je le désire autant que Brivel. Aujourd’hui, je doute, j’ai mis tant de temps à me dire que tu étais perdu et te revoilà. Je n’ai pas pu me décider à venir te voir plus tôt, Duncan, c’aurait été trop dur. Catherine a accepté de venir avec moi pour me soutenir. (Elle lui prit la main.) Malgré tout mes efforts, mes sentiments pour toi n’ont pas disparus, mais je suis mariée maintenant et je serai bientôt mère. Je ne peux plus revenir en arrière. Je suis passée à autre chose et tu dois le faire également. »

Estelle soutint le regard de Duncan un long moment, attendant qu’il dise quelque chose. Il voyait bien qu’elle était au bord des larmes, comment elle serait la main de son amie avec insistance mais il ne dit rien. Il digérait chacune de ses paroles. Tout devenait un peu plus clair pour lui. Son ancienne fiancée était toujours amoureuse de lui et avait dû feindre sa perte pour avancer dans sa vie. Ainsi c’était la raison pour laquelle tous l’avaient abandonné, ils avaient voulu avancer sans lui ou plutôt avancer malgré lui. Malheureusement pour eux, Duncan était de nouveau libre – ou presque – et ils allaient devoir faire avec.

Alors que la lumière se faisait pour lui sur les raisons de son isolement social de ces dernières années, Duncan se leva et partit dans un rire tonitruant, à la grande surprise de ses deux vis-à-vis. Il n’avait pas rit comme cela depuis des années, depuis avant son emprisonnement.

«  Duncan ? s’inquiéta Catherine. Ça va ?

-       Parfaitement bien, répliqua-t-il lorsque son fou rire se fut calmé un peu. Je viens de comprendre beaucoup de choses, merci Estelle et merci à toi aussi Catherine. Je vois une bague de fiançailles à ton doigt, qui est-ce ?

-       Enguerrand de Montrouge, répondit-elle, chevalier de Dollovan. Malheureusement, la guerre qui s’annonce empêche la célébration de notre union.

-       Ah, visiblement les Pairs du Royaume n’ont toujours pas abandonné l’idée de reprendre la principauté. Bonne chance, Catherine, je ne connais pas ce chevalier, mais il est dit de les Dollovinois sont insatiables !

-       Duncan ! s’indigna Estelle. Ce n’est pas une chose à évoquer devant une demoiselle.

-       Bonne chance à toi aussi, Estelle Rovan, tu restes encore, malgré tout, la dame de mes pensées. Passe le bonjour à ton mari et à toutes mes connaissances qui, contrairement à vous, n’ont pas encore le cran de venir me visiter. Au revoir. »

Son fou rire avait totalement disparu lorsqu’il les quitta pour rentrer dans la maison. Catherine fut beaucoup plus choquée que son amie par le comportement de Duncan. Estelle était particulièrement émue par les dernières paroles de son ancien fiancé. Elle prit le temps de sécher ses larmes et espérait que ses yeux ne seraient pas trop rougis lorsqu’elle rentrerait auprès de son mari. Dignement, elle se leva et, suivie de son amie, elle quitta le manoir.

Elle mit un point d’honneur à ne pas se retourner mais, lorsque la bâtisse ne fut plus en vue, elle ne put se retenir à exploser en sanglots. Son amie Catherine la soutint et l’emmena à la résidence des Bregorgne plutôt que de la laisser rejoindre sa maison directement. Estelle avait besoin d’un peu plus de temps pour faire la part des choses et son amie l’avait bien comprise.

Du haut de son balcon, Duncan avait observé la sortie des deux femmes et, lorsqu’elles disparurent hors de son champ de vision, il sentit une larme rouler sur sa joue. Elle était mariée. Elle était enceinte. Il devait l’oublier. Il l’avait déjà fait.

Mais elle l’aimait.

*

* *

Callaven, trois jours avant le Jour du Roi

Arrivé à la capitale depuis quelques jours, en même temps que la plupart des autres familles nobles, Soldoban observait lui aussi les préparatifs du Jour du Roi. Il était coutumier que de nombreux couples choisissent ce jour pour célébrer leur union et, avec le recul, Soldoban trouvait sa démarche bien peu originale. Néanmoins, lorsqu’il réussissait à croiser sa future femme – ce qui était de plus en plus dur tant elle était prise par les préparatifs de la cérémonie –, Al’Ivna semblait heureuse et rayonnante. De plus leur union serait célébrée par le Roi Ingald en personne, ce qui enchantait Soldoban autant que cela lui faisait redouter ce moment.

Ils avaient passé beaucoup de temps dans le fief familial d’Alhorée qui se trouvait en bordure de la forêt qui faisait la frontière avec la colonie elfique. Durant ces jours, Soldoban avait été heureux de constater que sa mère, la Comtesse Elise, accueillait la nouvelle de son futur mariage avec beaucoup de joie malgré le peu d’informations qu’ils étaient capables de fournir sur le passé de sa fiancée. Cela importait peu à la comtesse, en effet, ne s’était pas mariée à un parfait inconnu en son temps ?

De nombreux mystères entouraient les origines de son père et il n’avait jamais osé en discuter avec son fils, c’était un tabou. Pourtant Soldoban s’inquiétait beaucoup des changements qui s’étaient opérés en lui ces derniers temps. Il ressemblait de plus en plus à un elfe et personne n’avait voulu lui expliquer pourquoi. Ses parents feignaient de le remarquer comme si cela était normal.

De nombreuses fois, alors qu’il était en voyage avec le Prince Belenor et les autres, il avait pensé interroger son père à ce sujet mais depuis, à chaque fois qu’il se retrouvait devant lui, il le laissait prendre le dessus dans la conversation et les questions qui lui importaient mourraient sur sa langue avant d’être sorties de sa bouche.

Ce fut son père justement qui le sorti de sa contemplation de la cité pour lui montrer le costume qu’il allait porter lors de la cérémonie. Ils allèrent dans les appartements de Soldoban où le couturier les attendait.

Les essayages furent assez brefs, la coupe étant exactement celle que voulait le marié, et le couturier avait suivi ses directives à la lettre. Il s’agissait d’une veste longue, noire, aux bords délicatement brodés d’argent avec une chemise grise et blanche. Le pantalon était, quant à lui, blanc que recouvraient jusqu’aux genoux ses bottes noires de cavalier. Il y avait aussi la ceinture à la boucle dorée qui soutenait l’épée familiale au fourreau et à la garde recouverts d’or. Enfin son père lui passa autour des épaules un lourd manteau aux couleurs familiales, bleu et vert avec l’arbre blanc ainsi que l’épée et la flèche entrecroisées, les armes Aronberg. Lorsque Soldoban eut tout essayé et approuvé le travail qui avait été effectué, son père demanda au couturier de les laisser. Cuthbert s’assit dans un fauteuil et invita son fils à faire de même.

«  Avant que tu ne te maries, il y a plusieurs choses dont j’aimerai te parler, commença son père.

-       J’ai également quelques questions, avoua Soldoban.

-       Je n’en doute pas et je pense pouvoir fournir bon nombre de réponses. Te voir dans ton costume de mariage, portant comme seules couleurs celles de la famille Aronberg m’a fait prendre conscience d’une chose, je t’ai gardé bien loin du secret de mes origines et je pense que tu es en droit de savoir.

-       J’écoute, fit Soldoban en essayant de cacher son excitation.

-       J’imagine qu’aussi loin que tu peux te souvenir, tu ne m’as jamais vu sans cela, dit Cuthbert en désignant sa ceinture qui avait toujours intrigué Soldoban car la boucle représentait un serpent se mordant la queue.

-       Non en effet, confirma le fils.

-       Eh bien voilà qui devrait répondre à quelques unes de tes questions. » expliqua-t-il en débouclant sa ceinture.

Soldoban ne comprit pas tout de suite de quoi voulait parler son père, en effet, il avait beau regarder la boucle de ceinture, rien ne se passait. Il allait demander ce qu’il devait voir à son père mais il fut choquer par l’apparence de celui-ci. L’homme qui se tenait en face de lui quelques secondes auparavant n’était plus et un elfe se tenait à sa place. C’était bien son père, il reconnaissait les traits bien qu’ils soient plus fins.

«  Vous n’êtes pas humain ! s’exclama Soldoban. Je comprends tout à présent.

-       Je savais que ne mettrais pas longtemps à comprendre, se réjouit le Comte d’une voix plus claire et plus pure que celle à laquelle son fils était habitué. Je suis un elfe de naissance mais je vis comme un homme depuis des années.

-       Pourquoi cela ? La famille Aronberg a eut des métissages avec les elfes par le passé alors pour vous en cacher ?

-       C’est une assez longue histoire, qui n’est compréhensible que si l’on connait les coutumes elfiques. Je m’appelle Nirmas de la famille Olonwë. Pour faire simple, notre famille a toujours été très proche de la famille impériale, le patriarche familial n’était jamais très loin d’être Premier Consul – le chef du gouvernement de l’Empire des Iles –, l’Empereur déléguant beaucoup au contraire des dirigeants d’ici.

 » Mon père était justement Premier Consul quand j’étais jeune et entretenait d’assez bonnes relations avec l’Empereur Nolmo. Seulement, celui-ci souhaitait s’impliquer d’avantage dans le système gouvernemental. Je le connaissais bien et j’étais ami avec sa fille Aina. Je soutenais donc cette évolution. Au contraire, mon père et de nombreuses autres familles y étaient opposées. Connaissant la popularité de l’Empereur auprès du peuple, les nobles ne voulaient pas s’engager dans une guerre civile qui ne leur aurait pas été favorable.

 » Ils prévoyaient au contraire d’assassiner l’Empereur et d’installer sa fille sur le trône. Lorsque j’appris la teneur de ce projet, je suis voir mon père et lui dit tout le dégoût qu’il m’inspirait. J’étais son ainé et je pensais qu’il m’écouterait mais il n’en fit rien. Il se tourna vers mon frère cadet, Hillidas – oui, comme le Vice-Empereur de la colonie qui borde les frontières du domaine Aronberg –, et je compris alors qu’il me fallait fuir. Je volai dans les affaires familiales cette ceinture magique et je disparu. Je quittai les îles et je m’enfui vers la colonie. J’y restai un moment, le temps de m’habituer aux effets de la ceinture et d’observer la suite des événements.

 » L’Empereur Nolmo fut assassiné, conformément au plan de mon père et Aina devint Impératrice. Enfin, mon frère reçu comme récompense pour sa loyauté le titre et les fonctions de Vice-Empereur de la colonie sur le continent. Refusant d’avoir à affronter mon frère, je quittai la colonie pour le Royaume. Ce fut là que je rencontrai ta mère et son père le Comte Harold. La suite tu la connais.

-       C’est incroyable, mais cela explique tant de choses, réalisa Soldoban. Mon apparence, votre connaissance des coutumes elfiques.

-       Je suis d’ailleurs très heureux de te voir fiancé à Al’Ivna, même si nous ne savons rien de ses origines.

-       Seul le Seigneur Siougrev de Vessala doit savoir, mais il n’en a jamais parlé.

-       J’ai toujours du mal à croire que tu aies vraiment rencontré Siougrev, l’ami du Premier Empereur. Savait-tu qu’ils élaboraient leurs plans ensemble avant chaque bataille ?

-       Il parait, oui. Il ne parle jamais de son passé, c’est un homme très secret.

-       J’imagine bien, après tout c’est le premier et le seul humain à avoir bravé la Mort pendant trois mille ans. La question est : qu’a-t-il fait pour y parvenir ?

-       Si cela était connu, les hommes ne seraient plus condamnés à mourir si vite.

-       "Les hommes" pas "nous", remarqua Cuthbert, ainsi tu ne te considère plus comme tel.

-       Comment le pourrais-je ? Je ne leur ressemble plus, ma fiancée est une elfe et je viens d’apprendre que mon père en est un également.

-       Ce qui ne fait pas de toi un elfe pour autant, car, bien que nous ayons de nombreux cousins exilés hors des frontières de l’Empire des Iles – telle ta future femme –, ta mère est bien humaine et tu es autant humain qu’elfe. Ne le vois pas comme une faiblesse, ajouta Cuthbert alors que son fils ne semblait pas apprécier ses paroles, mais comme une force. »

*

* *

 

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  • : La Couronne de l'Empereur
  • : La Couronne de l'Empereur est un roman de fantasy contant les aventures du Prince Belenor Acciprides.
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Chapitre XXVI

Scénario :100%

Ecriture : 100%

Relecture : 100%

 

 

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